Au secours, je vais mourir ... la survie émotionnelle

La survie émotionnelle : quand ton système nerveux croit voir un tigre invisible

 

La survie physique, c’est facile à repérer. Enfin… plus facile.
Le corps se rigidifie, les muscles se tendent, prêts à bondir pour attaquer ou fuir à toute jambe. L’œil devient hagard, il scanne l’environnement à la recherche du danger, du signal, du déclencheur.

Est-ce juste une souris… ou bien un gros tigre affamé ?
Et selon l’évaluation, le système se détend ou passe à l’action. Simple, clair, efficace.

 

La survie émotionnelle, elle, est plus subtile. Pas de griffes ni de rugissement. Et pourtant, elle mobilise exactement le même système d’alerte.
J’ai pu l’observer dans plusieurs contextes — tous bien éloignés de la savane :

  • dans ma famille (preuve que le tigre peut se cacher même au milieu des gens qu’on aime)

  • dans un groupe d’amis

  • au travail

  • dans un loisir

  • et… avec moi-même (oui, on peut aussi se pourrir la vie en solo, et ça, c’est un art).


Prêt pour découvrir comment ? C'est parti pour l'aventure !


Qu’est-ce qu’un danger émotionnel ?

C’est le risque de ressentir une émotion douloureuse, inconfortable, parfois insupportable.
Ça peut aller :

  • de la tristesse à l’abattement, voire au désespoir

  • de la peur à la tétanie (le figement : je fais le mort)

  • de la colère à la haine, jusqu’à la rage qui déborde.
    Et là, ça peut même se transformer en passage à l'acte et la survie émotionnelle devient alors une survie physique. Preuve que l'un peut engendrer l'autre et en cascade les conséquences sont de plus en plus dévastatrices : ça vaut donc peut être le coup de s'y pencher sur ce niveau inférieur ?

Quand notre système perçoit ce risque, il agit comme face à un tigre :

  • Il met le cortex frontal en veilleuse (bye-bye discernement)

  • Il prend les commandes pour nous maintenir en “sécurité” — quitte à nous faire trahir nos propres valeurs.

Le message implicite est : « Ici, je ne suis pas libre d’exister comme je suis ».
Et c’est particulièrement violent quand ce “ici” est… sa propre famille.


Les stratégies de survie émotionnelle

Là je parle de tous ces moments où on se sent activé, déclenché, dans un état d'alerte DANGER "quelque chose peut mal tourner pour moi maintenant si j'exprime qui je suis vraiment, c'est peut être pas un tigre, mais... ".

Face à ce danger invisible aux yeux de beaucoup et pourtant bien tangible pour nous, notre système nerveux a ses tactiques :

  • Se rallier à la majorité : ne pas exprimer son avis pour rester inclus dans le groupe
    Ça va être toutes les situations où dans une majorité de scientifique, je ne vais pas raconter mon week-end de yoga méditation, ou bien dans une majorité de sceptique, je ne vais pas parler de mythes et légendes, ou bien face à une majorité qui se crispe quand le féminin s'exprime, je ne vais pas m'autoriser à m'exprimer. Et quand je dis JE, je parle du système nerveux (limbique activé) qui est clairement face à son tigre déguisé, et il lâchera pas le frein à main, il te laissera pas conduire là, parce qu'il en va de ta propre survie, émotionnelle.

 

  • Ne pas poser de limites : éviter le “non” qui pourrait fâcher
    "Non, je ne peux pas vous rejoindre car j'aimerais mieux lire sur un transat maintenant"

    Défi : pendant 1h avec quelqu'un (de préférence où vous vous sentez en sécurité, vous pouvez même le mettre dans la confidence), commencer par dire non. Puis à prendre ce temps avec vous même pour vérifier : est-ce que j'en ai vraiment l'élan ? Est-ce que je dis oui pour plaire, pour faire plaisir, pour avoir la paix ? Et ensuite choisir, en conscience "je dis oui pour avoir la paix", juste le voir, par se juger durement.

 

  • Se taire devant l’injustice : préserver l’appartenance au détriment de l’authenticité et du courage

Ces comportements ne disent pas “je suis lâche” ou “je suis incohérent” — ils disent simplement : “Mon système croit que ma vie en dépend.”

Alors, il va figer le cortex frontal et préfrontal responsable de la socialisation (je recherche du soutien avant de répondre par la fuite ou l'attaque) ou de la conscience de soi (je respire profondément avant de réagir) : il va prendre les commandes, et aller dans une direction qui ne ferait même pas notre unanimité interne !

Faut-il en vouloir à ce système ?

Je peux mais ai-je conscience de sa puissance, de son intelligence aussi ? Il est là grâce à des millions d’années d’évolution. Il nous protège. S’il n’était pas là, je ne serais même pas en train d’écrire ces lignes. Il est ce formidable outil qui gère un tas de mécanisme tout seul :  battement du coeur, respiration, processus métabolique, sans lesquels je ne vivrais pas. Et toute seule sans lui, je serais saturée par le maintien conscient de ces fonctions et je ne pourrais sans doute même pas écrire.


Donc avant tout, GRATITUDE.

C'est à mon sens depuis cette posture d'infinie gratitude et d'humilité que peut réellement commencer notre initiation à être plus conscient AVEC lui, et même entrer dans une relation de respect et de confiance mutuelle indispensable à ce qu'il "nous laisse les rênes" de temps en temps.

Et oui car si le conducteur est fou, ce n'est pas en l'insultant ni en lui arrachant le volant des mains que je vais changer la trajectoire de ma vie.

Mais si je peux voir dans quels cas ce conducteur est formidable, et dans quels cas je peux prendre le volant sans danger, à mon sens, c'est là que le réel travail intérieur est transformateur.


La clé, c’est de passer d’une relation subie à une relation consciente avec lui :

  • Savoir quand il nous rend service

  • Et savoir quand on peut, en douceur, reprendre le volant.

 

Pratiques pour apprivoiser son système nerveux en mode “alerte émotionnelle”

1. Prendre sa température interne (5 min chrono)
Avant une rencontre : 2–3 respirations, puis se demander :

“Est-ce que je me sens en sécurité et en bonne compagnie avec moi-même, là tout de suite ?”

2. Poser une intention claire (5 min chrono)
Qu’ai-je envie d’apporter dans cet échange ? Qu’attends-je de cette interaction ?

 

Dans ces 10 minutes de préparation déjà, j'augmente ma capacité à voir ce que je ressens, ce qui est juste pour moi, et donc mon aptitude à en être consciente quand je serais dans des situations différentes, plus ou moins stressantes.

C'est comme un entraînement de sportif de haut niveau.

Et j'évite de me juger trop sévèrement si je ne réussis pas à exprimer ma vérité dans un milieu hostile, car un grand sportif peut aussi tout déchirer à l'entraînement, et quand même rater la compétition. Dans tous les cas, il en aura appris quelque chose et muscler sa capacité à s'observer. C'est toujours plus rentable que de laisser le cours des choses nous balader où lui le veut bien.

 

Et si jamais, 30 minutes de bonus ...

 

3. Créer un refuge intérieur : la visualisation protectrice (30 min)

Visualiser son “enfant intérieur” et lui demander : “Qu’est-ce qui te permettrait de te sentir en sécurité maintenant ?”

Car si jamais j'ai une situation inévitablement stressante à affronter, je peux même me préparer plus longuement et convoquer mon petit enfant intérieur, à l’image de ce qu'Issa Padovani propose ici et prendre un temps supplémentaire pour nous visualiser : nous à 8 ans ou 5 ans, comment ça va toi ?

Qu'est-ce qui te permettrait de te sentir en sécurité maintenant, et en bonne compagnie ?

Et à mesure qu'on le fait, les réponses vont pleuvoir : de mieux en mieux notre enfant intérieur se livre et a confiance, et demande une balançoire imaginaire, puis un vaisseau spatial, une bibliothèque, un train chenille, avec 3 amis d'enfance, un parent aimant, un proche soutenant, un prof, un mentor, un allié inconditionnel, et on baigne dans ce que cela lui fait ressentir d'être aussi en sécurité et en bonne compagnie.

Comme Robert Gonzalez conseille, on se nourrit du besoin en PLEIN, et alors on peut demander "comment c'est pour toi d'imaginer que la grande, l'adulte va aller dans cette situation maintenant, est-ce que tu veux rajouter quelque chose pour te sentir bien à cette idée" et notre enfant va continuer à nous surprendre ,en nous proposant même (comme ça a été le cas pour moi) un bouton magique sur lequel appuyer pour que l'adulte nous rejoigne pour se ressourcer si ça va pas (en prétextant une pause aux toilettes par exemple), alors notre système interne coopère, et les différents acteurs par amour manifestent leur protection pour nous, chacun avec leur stratégie propre, et on peut naviguer dans notre vaisseau au gré des courants de la vie, avec un sentiment d'unité et d'alignement, dont le goût incomparable est proche de ceux des endorphines des sportifs, nous poussant à continuer à nous entraîner encore et encore.

 

Profitons bien de ce voyage, et à tout bientôt pour de nouvelles aventures ;)

 


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